Trente ans, déjà !
Courant juin, l’association a fêté ses trente années d’existence par une promenade conviviale sur la Loire sauvage. Beaucoup d’adhérents de la première heure étaient présents. Un tel anniversaire incite à égrener ses souvenirs.
Au cours des ans, la lettre d’information, qui représente deux cent soixante pages, porte le témoignage de nos activités. Dès la création, il nous a semblé important de dépasser le cercle des adhérents et de diffuser largement les raisons de nos réticences à l’égard de tel ou tel projet d’aménagement mais aussi en faisant acte de pédagogie en diffusant des informations, parfois très techniques, susceptibles de faire mieux comprendre la problématique de la Loire et aussi les motifs de nos réactions. Tous les maires ligériens du département, ainsi que les conseillers départementaux, en sont destinataires, à titre gracieux, ainsi que les agents de l’Etat concernés, les amis associatifs, des personnalités de tous horizons, etc...Si nous devions être fiers d’une seule activité ce serait celle-là.
Heureusement, il en existe bien d’autres. Comment ne pas évoquer notre opposition, couronnée de succès, à vouloir rendre navigable la Loire en amont des Ponts-de-Cé. Il était prévu épis noyés et chevrettes avec 700 000 tonnes d’enrochement. Vingt-cinq ans plus tard, les études effectuées sur le surcreusement de la Loire, en aval de la Maine, conduisent à supprimer tout ou parties de ces épis et chevrettes. Quant à l’inscription au Patrimoine UNESCO de la Loire, le bec de Vienne en aurait été certainement la limite aval.
Comment ne pas évoquer, dès 1993, notre alerte sur les prélèvements de sable dans le lit mineur (3 millions de tonnes dans les années 1975, dans le département) avec pour conséquence l’abaissement de la ligne d’eau d’étiage. Dans le même esprit, notre opposition à l’enrochement massif des berges qui ne pouvait qu’accélérer le creusement du lit mineur.
Soucieux d’un dialogue avec les partenaires attentifs, il a fallu, pour certains dossiers, être combatif. Ce fut, en tout premier lieu, au sein du Comité Loire Vivante, pour s’unir contre les projets titanesques de l’EPALA dont le président et quelques-uns de ses seconds, voulaient aménager la Loire pour maîtriser le fleuve. Conflit parfois très tendu qui s’est conclu par l’adoption gouvernementale du Plan Loire Grandeur Nature. Quel succès !
Moment difficile, aussi, avec la modernisation de l’usine d’eau potable des Ponts-de-Cé dont le programme était en toute irrégularité ce qui nous a conduits, avec la Sauvegarde de l’Anjou, à requérir devant le tribunal administratif l’annulation de l’arrêté d’autorisation préfectorale. Procédures longues et complexes qui se sont soldées, au final, par une autorisation assortie, cependant, de la réduction des surfaces remblayées dans le lit mineur et, surtout, l’obligation de placer les installations techniques au dessus du niveau des plus hautes eaux connues ce qui n’était pas le cas initialement. Action donc très utile !
Dans le domaine des paysages nous avons pu, avec la compréhension attentive de la Direction des routes du département, faire en sorte que le chemin de pied de levée, coté Loire, utilisable pour un itinéraire Loire à vélo nature, reste à l’état naturel sans revêtement bitumeux comme initialement envisagé.
Forte tension aussi dans le domaine de l’architecture des bords de Loire avec la transformation de l’usine Canelle, aux Ponts-de-Cé, où il était prévu trois immeubles de quatre étages. En coopération avec la population locale, le projet fut abandonné par la nouvelle équipe municipale.
Nous avons apporté notre soutien argumenté aux procédures d’élaboration des Plans de Prévention des Risques d’inondation engagés par l’Etat car il n’est pas possible de lutter contre les effets des inondations sans faire en sorte d’endiguer le développement des constructions dans les espaces inondables.
Nous avons, dans ce domaine, réalisé, pour la DIREN de Bassin, une étude éthologique sur “Vivre avec l’inondation dans la vallée du Louet et l’île de Chalonnes-sur-Loire” qui est le témoignage du vécu des années 2000.
Nous avons aussi soutenu, avec conviction, le classement de sites caractéristiques du Val de Loire dans le département, seul outil efficace pour assurer une réelle protection de ces territoires emblématiques.
Ainsi, ce bref survol de trente ans d’activité illustre, à la fois, nos centres d’intérêt mais aussi nos méthodes de travail et nos résultats.
La Loire mérite de continuer dans ce sens.